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Plusieurs milliers de jeunes manifestants dans les rues de Paris aujourd’hui, et rebelote demain vendredi. La mobilisation s’étend en Province, réclamant la démission de Manuel Valls et le retour en France des lycéens reconduits à la frontière. C’est un peu la bouffée d’air frais qu’il manquait au pays ces dernières semaines. La spontanéité et la fraternité sont au rendez-vous pour condamner les dérives droitières du gouvernement. Merci ! Bravo !
(Photos AFP)
« La jeunesse emmerde le Front National »… et Manuel Valls.
Depuis un an, l’extrême droite cajolée par les médias dominants occupe le terrain à coups de « Manif’ pour tous » (sic) dans lesquelles on a vu la bien nommée Frigide Barjot défiler aux côtés des intégristes religieux, de Marion Maréchal Le Pen et des organisations fascistes type GUD ou Bloc Identitaire. A coups d’agressions politiques aussi – Clément Méric assassiné, militantes féministes du NPA tabassées, militants antifascistes du Parti de Gauche menacés de déportation, de viol et de mort… Ainsi, le néo-fascisme intimide et tente d’imposer ses lois anti-progressistes, anti-féministes et xénophobes en France comme en Grèce et partout en Europe, où l’Histoire tragiquement se répète.
Que pouvait-on attendre, dans ce contexte, d’un gouvernement « de gauche » fraîchement élu ? Faire preuve de pédagogie et de fermeté, de conviction et d’audace politique ! Au lieu de quoi, tremblant dans leur palais, les Solfériniens (comme on dit, puisque les socialistes n’ont plus de « socialistes » que le nom) ont décidé de jouer double jeu : c’est ainsi que l’idée de la PMA pour tous les couples a été abandonnée, que le droit de vote étendu aux étrangers pour les élections locales est passé à la trappe (il s’agissait pourtant d’une promesse de campagne de François Hollande, tout comme la PMA), et que de très nombreuses mesures anti-sociales telles que l’ANI ou la réforme des retraites ont été entreprises.
Le très photogénique Manuel Valls est allé plus loin encore, flirtant ouvertement avec les thèses de l’extrême droite : sa politique discriminatoire à l’encontre des Roms n’est-elle pas digne d’un Sarkozy ?
Le voici, monsieur Valls, réduisant intégralement des individus à une ethnie, et leur ethnie à une tare. N’est-ce pas un propos digne du Front National ? Le voici arrachant des mineurs à leur école, au nom de la loi – une loi qu’il ne faut surtout pas discuter. Cet aveuglement contraire aux valeurs fondatrices de la République française – liberté, égalité, fraternité ; unité et indivisibilité de la République ; humanisme, universalisme – n’est-il pas digne de tous ces anti-républicains d’extrême droite qui se prétendent paradoxalement, honteusement, patriotes ?
On ne peut plus respirer, dans ce pays ! Nous sommes coincés entre l’extrême droite qui étire son ombre et un gouvernement incapable de faire ce pour quoi il a été élu : en somme, mener une politique de gauche. C'est-à-dire une politique clairement sociale, émancipatrice, libératrice. Au lieu d’attaquer, le présent s’est figé devant l’avenir qui s’assombrit. C’est l’espoir qu’ils nous volent.
La double affaire Leonarda-Khatchik est puissamment symptomatique du mal-être qui se propage. Le drame total s’incarne à échelle humaine, terrible, insupportable. Les jeunes sont descendus dans la rue et ont dit : « De l’air ! »
Ils ont réaffirmé que la France se doit d’être une terre humaniste, de traiter les gens décemment et en accord avec ses principes, de favoriser l’accès à l’éducation et à un avenir digne, sans distinctions de classes ni de « races ».
Ceux qui détestent les jeunes.
Sur la toile comme dans les JT, dans les commentaires des journaux en ligne comme sur BFMTV, où on fait la part belle aux thèses lepénistes, les médisants sont sur les dents. Ils essaient de diviser. Ils déversent leur bile anti-républicaine sur la jeunesse. Les jeunes, vomissent-ils, vous êtes incapables de penser par vous-mêmes ! Vous êtes nécessairement, essentiellement « manipulés », « noyautés », « utilisés », et puis au fond « vous vous en foutez » de Khatchik et de Leonarda, vous descendez dans la rue pour « ne pas aller en cours ». Vous êtes cons et vous êtes des fainéants. C’est dans votre nature de jeunes, de même qu’il est dans la nature des Roms d’être des voleurs de poules, dans la nature des féministes d’être des hystériques, dans la nature des pauvres d’être… pauvres. Etc.
Ces commentaires, ce sont toujours les mêmes depuis des décennies, parfois enduits d’un verni faussement bienveillant. Il faut que jeunesse se passe ! Mai 68 était probablement une affaire de cons et de fainéants. Lors de la toute première manifestation de ma vie, un certain mois d’avril 2002, je les ai entendus : « cons de jeunes » ! Idem lorsque, en 2003, nous protestions contre l’idée lamentable et folle d’une guerre en Irak. Idem lorsque, devenu étudiant, j’ai partagé le trajet victorieux des manifestants contre le CPE. Bon sang, ce que j’aurais aimé pouvoir voter à 16 ou 17 ans !
Les tièdes et les trolls, les bruns et les bleus détestent la jeunesse parce qu’ils détestent l’avenir. Pour mieux emmurer, obstruer le futur, ils étiquettent la jeunesse, par essence immature et stupide. Ils assimilent le fait d’être jeune à une tare comme Valssarkozy assimile les Roms à des malpropres. La boucle de leur raisonnement est ainsi bouclée. L’espoir, ce fol espoir qui leur déplaît, ils cherchent à le couper à la racine.
Merci de résister !
