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Domptons la dette !

Ce dimanche 9 juin aura lieu à Paris (départ 14h place du Palais Royal) la Marche des Femmes contre l’austérité. Cette manifestation, féministe ET politique au sens le plus large (« vie de la cité »), fait suite aux multiples répliques régionales de la Marche citoyenne du 5 mai dernier. Elle renvoie également à un autre moment majeur de la vie de notre pays.

Une référence historique

Disette, vie chère, le climat est à la Révolution. Le 5 octobre 1789, plusieurs milliers de parisiennes s’ébranlent en direction de Versailles au cri de « Du pain ! ». De nombreux citoyens les suivent. Le roi sera ramené à Paris, aux Tuileries, avec des gardes désarmés, et des vivres réquisitionnées.

Aujourd’hui, c’est la politique d’austérité, destinée à satisfaire les Marchés, quand bien même le sire Hollande s’en défend, qui sème la disette à travers le pays. Diète forcée, au nom d’une dette qui n’appartient qu’aux puissants. Les services publics sont asséchés, l’économie se contracte, le chômage ne cesse d’augmenter tandis que pour ceux qui ont la "chance" de travailler, le précariat se généralise. Parmi la masse des sans-emploi et des travailleurs pauvres, les femmes figurent en bonne place.

Pendant ce temps, la monarchie présidentielle essuie son noble séant sur le code du Travail en cajolant le MEDEF et ses sbires ultra-libéraux : l’ANI, l’UMP en rêvait, le PS l’a fait ! Prochaine étape : saccager les retraites. Un parti qui n’a hélas plus de socialiste que le nom jette le discrédit sur la notion même de gauche. Car d’où vient la gauche en définitive ? des députés favorables à la Révolution qui, en 1789, s’assirent à la gauche du président de l’Assemblée, cependant que les réactionnaires s’installaient à droite. Il faut aujourd’hui retrouver cette gauche-là, audacieuse et réaliste, belle et rebelle !

Nous les femmes…

Quelques chiffres illustrent sans ambiguïté cette tragédie insidieuse organisée par les banques et leurs suppôts, des faits qui motivent la Marche des Femmes.

En 2010, les femmes représentaient 51% de la population, mais 53% des pauvres. Ce n’était pas plus encourageant en 2012. Les bas salaires sont toujours majoritairement perçus par le beau sexe, à côté des jeunes et des immigrés. Ainsi, 57% des salariés précaires sont des femmes. 80% des salariés gagnant moins que le SMIC sont des femmes. Etc. La casse du code du Travail, l’absence de relance économique et l’augmentation du chômage remettent donc massivement en cause le portefeuille et la dignité des femmes, tandis qu’en parallèle les discriminations non seulement persistent mais reviennent à la mode. A ce titre, la palme revient au FN (et compagnie), qui proposait dans son programme présidentiel 2012 d’instaurer un statut de « mères porteuses » payées au lance-pierre, et dont les députés et sympathisants descendent ces dernières semaines dans la rue en prétendant défendre « les droits de l’enfant » ! Les mêmes qui faisaient fi des droits des femmes lors des débats sur la pilule ou l’IVG…

Dans le Capital déjà, Marx ne manquait pas d’associer le capitalisme à la notion de « paternalisme » : il s’agit de caresser d’une main et de battre de l’autre, d’infantiliser, de paupériser aussi bien humainement que financièrement, le tout sous l’égide d’une sacro-sainte « normalité ». C’est l’ensemble de la société, au nom des normes et des carcans, qui se trouve affecté à travers le statut des femmes. Il n’est pas anodin que les jeunes, les femmes et les immigrés constituent le gros du précariat : ils et elles servent d’exemple.

Qu’on leur coupe la dette !

Le gouvernement prétendument socialiste rame à l’aveugle. Il tranche dans les dépenses, coupe les budgets, taille dans les acquis sociaux. Aucune éclaircie en vue : nous sommes tous de jeunes femmes immigrées en ce que l’on nous sacrifie allégrement sur l’autel d’une dette abstraite. Une dette dont tout un chacun sait que 1/ elle sert à détourner l’attention des « affaires » intérieures, 2/ elle ne sera jamais remboursée, 3/ elle s’inscrit dans le cadre d’une escroquerie plus vaste (la Banque Centrale Européenne prête non pas aux Etats mais aux… banques, que les Etats doivent cajoler). C’est pourtant ce prétexte vaseux qu’on utilise pour asphyxier l’économie, diviser les peuples et attiser l’extrême-droite fort commode pour les pouvoirs en place (« chiens de garde du capital »), poussant au passage les individus au suicide. La Vème République française, rongée par son monarchisme et ses errements droitiers, s’auto-dévore sous le regard hautain des dieux du Marché. Du nécessaire ciment des services publics à la devise « Liberté – Egalité – Fraternité », du plus commun souci de solidarité au socialisme de Marx en passant par les idéaux de 1789, nos origines politiques, notre avenir, tout est jeté en pâture, bradé, piétiné sous les bottes de la cure austéritaire, dont on nous dit qu’elle est urgente, indispensable et nécessaire, mais nécessaire pour qui ?

Pas pour nous assurément !

Pour les banques ventripotentes et les agences de notation, pour les guerres dont on sait qu’elles constituent le dernier levier de relance, pour l’oligarchie savante et ses alliés d’extrême-droite, pour les schémas et la pensée pré-fabriquée, pour les divinités du Commerce non-équitable, en un mot pour l’obscurantisme ambiant, la grisaille dominante, la déprime généralisée.

Domptons la dette !

Le 9 juin à Paris, "la beauté est dans la rue" pour faire front contre l’austérité. Il va sans dire que les hommes sont les bienvenus.

Tag(s) : #rassemblement, #6ème République, #femmes
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